Le cours de physique de Jules Violle
Toujours dans le fil des célébrations du 250ème anniversaire d’André-Marie Ampère, nous vous proposons une présentation du Cours de physique de Jules Violle. La bibliothèque universitaire Lyon 1 conserve dans ses collections cinq volumes retraçant plusieurs éditions entre 1862 et 1888 de ce cours de physique constitué de deux tomes parmi les quatre initialement envisagés par l’auteur.
Jules Violle (1841-1923)
Né à Langres, Jules Violle est un physicien de renom et pionnier dans de nombreux domaines scientifiques. Après des études brillantes à l’École Normale Supérieure, il obtient l’agrégation de physique en 1865. Il enseigne d’abord dans divers lycées avant de devenir professeur à Grenoble, Lyon, et Paris. À Grenoble, il s’intéresse au rayonnement solaire et réalise la première estimation précise de la constante solaire et de la température du Soleil grâce à des mesures innovantes effectuées au Mont Blanc et en Algérie.
À Lyon, où Violle enseigna de 1879 à 1884, il révolutionne la photométrie en introduisant un standard de luminosité basé sur l’incandescence électrique, aboutissant à l’unité de luminosité, le “violle”. Cette méthode influencera la définition de la candela, unité actuelle de lumière.
Rejoignant Paris en 1884, il enseigne à l’École Normale Supérieure et au Conservatoire des Arts et Métiers, où il travaille sur des sujets variés, comme la propagation du son et la création du premier four électrique. Pendant la Première Guerre mondiale, il préside des commissions scientifiques dédiées à la défense. Jules Violle est mort à Fixin, laissant un héritage scientifique marquant, il est considéré comme le premier professeur de physique de la Faculté de sciences de Lyon ayant fait une carrière remarquable dans le domaine de la physique.
Le cours de physique
Le Tome I, consacré à la « physique moléculaire », est publiée en 1883 en deux volumes. Jules Violle signe cette œuvre en tant que « Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon », et elle est éditée par G. Masson, la librairie de l’Académie de Médecine à Paris. L’éditeur présente alors les sujets prévus pour les différents volumes :
- Volume I : Physique moléculaire
- Volume II : Acoustique et optique
- Volume III : La Chaleur
- Volume IV : Électricité et magnétisme
Cependant, seuls les deux premiers volumes ont été réalisés. Chaque volume a été initialement publié en deux tomes. Les deux tomes du Volume I, consacré à la physique moléculaire, sont parus respectivement en mai et en octobre 1883. Ce volume comprend au total 1021 pages et 565 figures.
Le premier tome du Volume II, dédié à l’acoustique, a été publié en 1888. Jules Violle y est présenté comme Maître de Conférences à l’École Normale. Ce tome propose 308 pages et 163 illustrations. Le deuxième tome, consacré à l’optique géométrique, est publié en 1892 et compte 354 pages et 276 figures. L’annonce d’un troisième tome sur l’optique physique, indiqué comme « sous presse », n’a jamais été suivie de sa publication.
Dans son projet d’enseignement, Jules Violle s’inscrit dans le paradigme mécaniciste du XIXᵉ siècle, comme Jules Jamin avant lui (voir le billet correspondant au cours de physique de Jamin sur ce Blog). Ce paradigme, ancré dans la mécanique des corps et des solides, sert de fondement à la théorie vibratoire, qui permet de décrire des phénomènes tels que le son, la lumière et la chaleur. Cette approche, présente dans le Volume I, était cohérente avec les travaux d’André-Marie Ampère, pour qui la propagation de ces phénomènes impliquait des vibrations des atomes et des molécules dans les corps matériels. Ainsi, l’intitulé « Physique moléculaire » résume bien cette vision centrée sur la mécanique des corps.
Ce cadre conceptuel mécaniste a toutefois montré ses limites au début du XXᵉ siècle, avec les révolutions introduites par la physique quantique. Même des figures majeures comme Albert Einstein, qui avait étudié le cours de physique de Jules Violle pour préparer son admission au Polytechnicum de Zürich, ont eu du mal à se détacher du déterminisme hérité de la mécanique céleste.
Jules Violle s’inscrit également dans une tradition où l’expérimentation scientifique est une approche a posteriori. Elle sert à confirmer ou infirmer des théories issues d’une science fondée sur des principes a priori, tout en permettant d’évoluer grâce aux résultats des expériences. L’expérimentation trouve aussi un rôle clef dans la démarche pédagogique. Son influence sur l’enseignement de la physique se manifeste notamment dans l’élaboration des programmes scolaires pour le collège et le lycée. En 1902, il collabore avec Henri Abraham, Paul Janet et Jean Perrin pour définir ces programmes.
Article rédigé par Alfonso San Miguel, Institut Lumière Matière, Univ. Lyon1 et CNRS
Sources:
Violle, Jules. Cours de physique. Paris : G. Masson, 1884-1892. 3 vol. Cote 39019
Violle, Jules. Cours de physique. Paris : G. Masson, 1884-1888. 2 vol. Cote 46702
Bibliographie:
Ampère, André-Marie. « Note de M. Ampère sur la chaleur et sur la lumière considérées comme résultant de mouvements vibratoires » In Annales de chimie et de physique, 1835, 58, pp.432–444. Disponible en ligne.[consulté le 15 janvier2025].
Principe, Joâo. « Rupture et continuité dans la physique française : Henri Poincaré et les fondements mécaniques de la thermodynamique ». In Philosophia Scientiæ, 2023, 27-2(2), 153-175.. Disponible en ligne.[consulté le 15 janvier2025].
San Miguel, Alfonso et Khantine-Langlois, Françoise. « Jules Violle (1841-1923). Une empreinte lumineuse », dans La Physique à Lyon : une galerie de portraits depuis Ampère. Sous la direction d’Alfonso San Miguel. MSM Éditions,.2023, pp. 52-56.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Interfaces/fonds anciens BU Lyon (15 janvier 2025). Le cours de physique de Jules Violle. Interfaces. Livres anciens de l'Université de Lyon. Consulté le 12 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13395