Le cours élémentaire de physique d’Hippolyte Marié-Davy

Sur les traces d’André-Marie Ampère, nous poursuivons la présentation des manuels de physique anciens conservés dans les collections de la BU Lyon 1. C’est le Cours élémentaire de physique à l’usage des gens du monde et des aspirants aux premiers grades universitaires d’Edme Hippolyte Marié-Davy (1820-1893) publié à Montpellier en 1851 que nous avons sélectionné. Comme l’annonce l’auteur dans sa préface, son objectif est de publier un « petit livre » (404 pages) car « il est plus malaisé qu’on ne l’imagine de condenser la physique en un petit nombre de pages sans devenir aride et sec, ou sans s’étioler et décolorer la science ». Marié-Davy s’est donc lancé le défi de proposer aux non spécialistes et futurs étudiants un manuel de physique pour les nuls, version XIXème siècle.

Un scientifique nivernais

Edme Hippolyte Marié né en 1820 à Clamecy dans la Nièvre, fils de cordonnier, il est élève boursier. Sa consécration scientifique est emblématique de la promotion sociale que permet l’école à son époque. Major au concours d’entrée de l’Ecole Polytechnique en 1840, il opte pour l’Ecole normale Supérieure. Agrégé des sciences physiques et mathématiques, il obtient à 25 ans un poste d’enseignant à l’université de Montpellier et en 1851 il soutient un doctorat de médecine avec une thèse sur le climat de Montpellier. Après avoir épousé en 1844, la fille d’un médecin de Dornecy, Julie-Marie-Joséphine Davy de La Chevry il ajoute à son nom celui de Davy. C’est à Montpellier qu’il débute ses travaux de recherche sur l’électricité et en 1854, il met au point la pile au bisulfate de mercure qui porte son nom « la pile Marié-Davy ».  Cette pile constitue une réelle avancée et sera très vite utilisée sur la plupart des lignes télégraphiques par l’administration des Postes et par le service des Armées. Entre 1845 et 1867 il effectue de nombreux travaux théoriques et expérimentaux sur l’électricité. Ainsi il s’intéresse à l’électricité statique comparant plusieurs appareils de mesure : condensateur, électromètre à cadran, déchargeur micrométrique… et procède expérimentalement à une importante vérification des lois Coulomb sur l’attraction et la répulsion électrique. Il mène également d’importantes recherches sur l’électrodynamique et réalise une étude très complète de la pile électrique en complément de son invention de la pile au sulfate de mercure. Docteur en médecine, il s’intéresse aussi à l’action de l’électricité sur le système nerveux et met au point une pile électrique à usage médical. Après le coup d’état de 1851, il obtient sa mutation pour Paris afin de défendre les intérêts de son beau-père fervent républicain. En 1862, il est nommé astronome titulaire à l’Observatoire de Paris. Ses travaux sur la météorologie le conduisent à la découverte des dépressions qu’il définit comme des « bourrasques ». Il établit également les premières cartes des isobares. Il achève sa carrière à la direction de l’Observatoire de Montsouris avant de se retirer dans sa Nièvre natale où il meurt le 26 juillet 1893.

Le cours élémentaire de physique

Ce petit volume d’introduction à la physique destiné à vulgariser cette science auprès d’un large public est organisé en neuf parties :

1. Les notions préliminaires
2. La pesanteur
3. La chaleur
4. Le magnétisme
5. L’électricité
6. L’acoustique
7. L’optique géométrique
8. Des rayonnements colorifiques, chimiques, phosphorescents, calorifiques
9. Les notions de météorologies

Par souci didactique Marié-Davy insère 280 figures dans le texte pour illustrer et faciliter la compréhension « des grands principes qui constituent la physique »¹. Il s’agit de petites figures sur fond noir, une technique lithographique utilisée pour obtenir un meilleur contraste entre le dessin réalisé à la main et sa reproduction sur le papier. La miniaturisation des illustrations correspond au choix éditorial de l’auteur qui s’est donné comme objectif de publier un ouvrage pratique, peu volumineux et peu coûteux destiné à un public de non spécialistes.

Dans le Livre V consacré à l’électricité, le chapitre VIII sur l’électromagnétisme expose les découvertes et les expériences d’Ampère,², il se sert de la représentation du « Bonhomme d’Ampère » pour décrire la direction dans laquelle se déplace l’aiguille aimantée (figures 164 et 165).

Fig.164 &165

Dans le chapitre XI consacré à l’électrodynamique, Marié-Davy décrit la table d’Ampère indispensable précise-t-il à l’étude des solénoïdes et fournit des explications détaillées et un schéma de celle qu’il utilise.

Fig.188

C’est essentiellement entre 1845 et 1867 qu’Hippolyte Marié-Davy mène ses recherches sur l’électricité, après sa nomination à l’Observatoire de Paris en 1863, il se consacrera davantage à ses travaux sur la météorologie.

Article rédigé par Livia Rapatel, BU Lyon1

Source :

Marié-Davy, Hippolyte. Cours élémentaire de physique à l’usage des gens du monde et des aspirants aux premiers grades universitaires. Montpellier : Ricard, 1851. Disponible en ligne.

Bibliographie :

Jacquet, Joseph. “Les « grands électriciens » de la Nièvre et leur époque”. In: Bulletin d’histoire de l’électricité, n°33, juin 1999. Nivernais et Électricité. Numéro spécial réalisé avec le concours d’Electricité de France. pp. 165-186. Disponible en ligne [consulté le 23 novembre 2024]

Wisniak, Jaime. (2020). « Edme Hippolyte Marié-Davy ». In Electrochemistry.Educación Química. Vol 31(3), 134-144. Disponible en ligne [consulté le 23 novembre 2024]

1. Préface Hippolite Marié-Davy [↩]
2. Ce billet est rédigé à l’occasion du 250ème anniversaire de la naissance d’André Marie Ampère [↩]

Interfaces/fonds anciens BU Lyon

More Posts