La culture des jacinthes du Père d’Ardène

Au moment où les jacinthes fleurissent dans les jardins, annonçant l’arrivée du printemps, nous ressortons des réserves patrimoniales ce petit traité que le Père Jean-Paul de Rome d’Ardène, botaniste et agronome provençal (1690-1769) consacre à la fin de sa vie à cette plante à bulbe qui embaume nos parterres.

C’est en 1759 que Jean-Paul de Rome d’Ardène publie chez Louis Chambeau (1716?-1780), imprimeur-libraire à Avignon son Traité sur la connoissance et la culture des Jacinthes. Ce petit ouvrage de 156 p. de format in 12, conservé dans les collections de la BU Lyon 1 provient de la bibliothèque de l’Oratoire de Tournon comme l’indiquent l’ex-libris manuscrit et le tampon « Bibliothèque Lycée Impérial de Tournon 1786 » figurant sur la page de titre. Il appartient à l’ensemble d’ouvrages de la bibliothèque de Tournon transféré à l’Université de Lyon en 1888 sur décision ministérielle. Numérisé en 2013 avec le soutien de la BnF il est consultable en ligne.

Après avoir rédigé un Traité des Renoncules imprimé à Paris chez Philippe Nicolas Lottin et Augustin Martin Lottin en 1746, Jean-Paul de Rome d’Ardène publie le Traité sur les Jacinthes, il sera suivi quelques années plus tard par leTraité des Tulipes (1760) et le Traité des Œillets en 1762. Les trois ouvrages paraissent chez Louis Chambeau en Avignon.

Jean-Paul de Rome d’Ardène (1690-1769)

Jean-Paul de Rome d’Ardène né à Mane (Alpes-de-Haute-Provence) en 1690. Son père Honoré de Rome Sieur d’Ardène est commissaire des galères et inspecteur des bois et forêts de Provence et son frère aîné, Esprit-Jean de Rome d’Ardène (1684-1748) dont il est très proche, est un fabuliste reconnu. Après avoir achevé ses humanités, Jean-Paul de Rome d’Ardène entre au collège des Oratoriens de Marseille et intègre en 1708 la congrégation à Aix en Provence. En 1724, il est désigné supérieur du grand séminaire d’Arles, mais de santé fragile et en butte à l’hostilité de son ordinaire, Mgr Jacques de Forbin Janson, il regagne le domaine d’Ardène où il se consacre à l’étude de la botanique et des plantes médicinales. Ses ouvrages sur la culture des fleurs sont édités les dernières années de sa vie et bénéficient d’un grand succès auprès de ses contemporains. Il décède à Ardène en 1769 à l’âge de soixante-dix-neuf ans.

Le Traité des Jacinthes

Dans la préface, le Père d’Ardène explique avoir voulu rédiger un manuel qui synthétise les connaissances éparses sur ces « belles fleurs » afin de permettre « aux amateurs de trouver aisément, et réunir, ce qu’il leur importe le plus de savoir ». Il précise avoir complété cette présentation grâce à sa longue expérience de la culture des jacinthes.

Le livre est composé de XII chapitres qui abordent tour à tour : l’intérêt de cette petite fleur « humble » et longtemps négligée, l’origine de son nom qui proviendrait de Hyacinthe héros de la mythologie grecque tué par un lancer de disque, et dont le sang aurait donné naissance à une fleur.  Il analyse les qualités de la plante, les conditions d’exposition et la nature du terrain favorable à sa culture, le calendrier de plantation et les soins à lui apporter. Le livre fournit également des conseils pour la conservation des oignons, le choix des semences et la manière de prévenir les maladies.

Le chapitre XI est consacré à la Jacinthe des Indes ou Tubéreuse, l’auteur explique que trop souvent il a été fait l’erreur de l’inclure dans la famille des Jacinthes en raison des « […] traits de ressemblance et de conformité qui lui sont communs avec cette famille. » mais il précise « […] j’y vois aussi des différences caractéristiques assez marquées pour le pas la confondre sans distinction, dans la foule des Jacinthes. ». La dernière partie explique comment diversifier les couleurs et dessécher les fleurs de jacinthe.

Les planches gravées en taille douce

Tout à la fin du livre sont insérées deux magnifiques planches dépliantes gravées par François-Nicolas Martinet (1731-1800 ?). Ingénieur et dessinateur, Martinet a illustré de nombreux ouvrages d’histoire naturelle en se spécialisant surtout dans la gravure des oiseaux, il a notamment contribué à l’illustration ornithologique de l’Encyclopédie Diderot et d’Alembert.

La première planche présente une jacinthe à fleur simple (fig.1), un oignon placé dans une carafe d’eau (fig.2) et une jacinthe à fleur double (fig.3).

Pl.1

La seconde planche est consacrée à la tubéreuse présentée dans le onzième chapitre.

Pl.2

Ce petit ouvrage s’inscrit dans la « jacinthomanie », un très fort engouement pour cette fleur à bulbe qui s’empare de l’Europe au XVIIIème siècle.

Article rédigé par Livia Rapatel BU Lyon 1

Source :

Ardène, Jean Paul de Rome d’. Traité sur la connoissance et la culture des jacinthes. Avignon: L. Chambeau, 1759. Disponible en ligne [consulté le 15 mars 2022]

Bibliographie :

Aliénor, Samuel-Hervé. « La jacinthe ». In Le Blog de Gallica. 15/03/2021.Disponible en ligne [consulté le 15 mars 2022]

Bourgeois, Charles. « Le Père J.-P. de Rome d’Ardène, botaniste et agronome provençal (1690-1769). I, La vie ». In: Revue d’histoire de la pharmacie, 57ᵉ année, n°203, 1969. pp. 463-472. Disponible en ligne [consulté le 15 mars 2022]

Petity, Jean Raymond de. Encyclopédie Élémentaire, Ou Introduction A L’Étude Des Lettres, Des Sciences Et Des Arts Ouvrage utile à la Jeunesse & aux Personnes de tout âge, enrichi d’amples Notices des meilleurs Auteurs dans chaque Faculté, & orné d’Estampes en taille-douce. Paris : Herissant Fils, 1767

Interfaces/fonds anciens BU Lyon

More Posts